
Travailler moins pour gagner moins ou travailler autant en moins d’heures sont deux solutions pour concilier vie personnelle et vie professionnelle. La semaine de quatre jours est de plus en plus testée en France. Avec quel équilibre ?
Plus d’un travailleur sur trois serait prêt à travailler moins pour gagner moins et accepter une baisse de salaire de 5% par rapport à une semaine de quatre jours. C’est ce que révèle une étude du groupe Manpower. Selon le président du groupe Manpower, de plus en plus de Français recherchent un meilleur équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle.
« Les candidats ont le choix et ensuite après chaque juge. On aurait pu être enclin à penser que la rémunération était l’élément important. Il faut plutôt y voir un équilibre retrouvé. Les gens sont prêts à faire des efforts financiers », explique-t-il. .
Selon une étude labellisée par la Fondation Jean Jaurès Ifop publiée lundi dernier, 61% des salariés en France préféreraient gagner moins d’argent mais avoir plus de temps libre. Ils étaient 38 % en 2008.
La grande rupture à l’origine de ce changement est la crise sanitaire, comme l’a confirmé la philosophe du travail Céline Marty, invitée de la Matinale Week-End de RMC. Pour lui, les Français veulent “un rapport au travail différent et y passer moins de temps” et “un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle”.
“Le Covid, le confinement, ont permis aux gens d’arrêter leur vie, là où on a un rythme effréné. Cela nous a permis de réfléchir à notre rythme et de réaliser que c’était peut-être trop intense. La roue du hamster s’est arrêtée et pas nous. Je ne veux pas recommencer.”
Rythme fou, d’autant plus que, selon le groupe d’assurance maladie privé basé à Londres Bupa, les chefs d’entreprise français sont les plus grands fans au monde de “trop travailler”, c’est-à-dire d’accumuler de longues heures sans pause.
Essais
Plus de 400 entreprises ont déjà adopté la semaine de quatre jours en France, un chiffre en constante augmentation depuis la crise sanitaire. Chez Sénave, entreprise de menuiserie basée à Roncq (Nord), la décision a été prise en octobre dernier, après un an de délibération. Elle a adopté une semaine de quatre jours sans perte de salaire, et son dirigeant, Morgan Tognarini, estime qu’elle ne “revient pas en arrière”.
“Les salariés travaillent le même nombre d’heures par semaine, mais quatre jours au lieu de cinq. “Une heure et demie par jour, c’est peu, surtout quand on se repose toute la journée”, explique-t-il.
Pour lui, le gros avantage est “plus pour les salariés que pour l’entreprise”. “L’entreprise ne va pas faire plus en termes de productivité, mais par contre, en termes de qualité, il y a une vraie différence d’ambiance.”
« Concilier travail et vie personnelle ».
Welcome to the Jungle, cabinet de recrutement en ligne à Paris, a adopté une semaine de quatre jours en 2019. “Nous voulions créer du temps chaque semaine pour nos collaborateurs”, explique la DRH, Noella Gavier. Mais lors de sa création, certains salariés étaient inquiets. “Il y avait un peu de stress sur le fait qu’une semaine de cinq jours est déjà chargée, je vais réussir à la compacter en quatre jours. Comment atteindre les objectifs ? Bonne chance pour y arriver. Tant de clients, tant de contrats commerciaux. C’est l’organisation, la méthode, la révision des méthodes de travail et le temps que nous consacrons à nos sujets », juge SAR.
Avoir plus de temps pour lui est ce qui a attiré Leslie Malem. Cette jeune maman est en charge du recrutement dans cette entreprise depuis trois mois et explique être « tiraillée entre avoir un quotidien professionnel exigeant et vouloir passer plus de temps avec (son) fils pour avoir des moments pour (elle-même) : “
“J’avais l’impression de courir tout le temps. Une semaine de quatre jours permet un équilibre travail-vie considérablement amélioré », explique-t-il.
Tout d’abord, le temps de travail est mieux géré. En tout cas, Adrien, le directeur commercial de la même société, le pense. “Cela demande du temps de travail pour être plus concentré, structuré. Alors planifier quelques semaines, quelques mois à l’avance est fondamental.” 93% des salariés de « Welcome to the jungle » se disent satisfaits de cette façon de travailler.